Mémoires de Pénélope

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France : Incendie criminel d'un observatoire d'oiseaux migrateurs en Ardèche

 

 

Alors que la hache de guerre entre chasseurs et ornithologues était enterrée depuis trois ans, un commando a rouvert les hostilités en détruisant le camp des écolos.

 

Un cadavre de loup retrouvé criblé de balles au pied du mont Ventoux le 30 janvier dernier. Et maintenant, le camp de comptage des oiseaux migrateurs du col de l'Escrinet (Ardèche) ravagé par un incendie criminel dans la nuit de samedi à dimanche. Décidément, les chasseurs reprennent du poil de la bête. "J'y vois la conséquence directe des cadeaux de Nicolas Sarkozy au lobby de la chasse", s'exclame Pierre Athanaze, porte-parole de l'association Collectif Escrinet col libre, qui se charge du comptage des migrateurs sur ce col depuis une trentaine d'années. L'écologiste en colère évoque l'incroyable décision du président de la République d'autoriser la chasse aux oies en période de migration sous le prétexte incongru d'"étude scientifique" et de permettre de nouveau la chasse au courlis cendré et à l'eider à duvet.

C'est en montant prendre leur faction pour compter les oiseaux que les trois ornithologues chargés des comptages ont découvert leur abri réduit en cendres. "Cela faisait une semaine que nous avions débuté les comptages de toutes les espèces passant par le col, notamment le pigeon ramier migrateur, poursuit Athanaze. Et tous les jours, des inconnus passant en voiture nous insultaient." Il faut dire qu'à partir des années 1980 le col de l'Escrinet a constitué un champ de bataille plutôt explosif entre les chasseurs et les écologistes. Ces premiers ayant été jusqu'à prendre en otages plusieurs gardes-chasse. L'enjeu ? Les pigeons ramiers que les chasseurs veulent pouvoir tirer bien au-delà de la fermeture officielle de la chasse, début février. Durant plusieurs années, le braconnage s'est poursuivi à grande échelle et puis, il y a trois ans, grâce à l'établissement d'un protocole de sortie de crise, il avait disparu. Mais le feu couvait.

Un enjeu devenu politique

La frustration de certains chasseurs n'a fait que s'accumuler au fil du temps, et n'attendait que la première occasion pour ressurgir. Le naufrage de la candidature d'Eva Joly, les récents cadeaux électoraux de Nicolas Sarkozy aux chasseurs d'oiseaux ont suffi pour que quelques abrutis se sentent encouragés à mettre le feu au camp d'observation du col de l'Escrinet. Pierre Athanaze a immédiatement déposé une plainte à la gendarmerie locale. Et pas seulement. "J'ai appelé le ministère de l'Environnement pour qu'il envoie une brigade d'intervention", précise-t-il. Malheureusement, la petite "caille" qui dirigeait ce ministère s'est envolée pour devenir la porte-parole du candidat Sarkozy. Le crime du col de l'Escrinet risque fort de rester impuni. En attendant, les écologistes n'ont pas attendu pour reconstruire leur camp et poursuivre les comptages. En trente ans, le nombre de pigeons ramiers traversant le col a été divisé par trois.

 



11/03/2012
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